Voter t'a-t-il ôté ta toux ?
Les régionales dans le rétro, je me dois de prendre la plume (enfin le clavier) afin de revenir sur les leçons de morale à propos de mon abstentionnisme « actif » et assumé. Parce qu’il y a un sacré paquet de votants « passifs » qui commencent à me les farcir, avec leurs « fonce Alphonse » (ils doivent me confondre avec le grincheux du 2ème). En effet, n’en déplaise aux défenseurs de notre ersatz de démocratie, l’abstention peut et doit être un choix. Et j'vous parle pas du choix de me payer un dimanche peinard heineken-guezmer chez mamie! En m’abstenant, j’estime exercer mon droit à manifester ma désapprobation à l’endroit de deux listes qui souhaitent me la faire à l’envers. Car si le premier tour de ces régionales laisse la place à un certain pluralisme, permettant à chacun de voter plus ou moins proche de ses convictions, qu’en est-il du second? Si même le mécanisme de la triangulaire est désormais meurtrie par une stratégie anti-FN (dont l’efficacité et les fondements sont pour le moment hautement discutables), où est le choix? Ni pour Ni contre Bien au contraire? Jetez un cil à la région PACA. Ya des plaques commémoratives en mémoire des électeurs du PACA qui vont fleurir croyez-moi! Estrosi ou Maréchal (nous voilà)? L’héritière parachutée (pourvu qu’il s’ouvre pas) ou le brigand de grand chemin? Si aller voter Estrosi pour faire barrage est votre définition de la démocratie, allez-y! En attendant, avec 45% d’abstention au second tour, on nous parle de sursaut républicain… Comme le crierait si bien Alphonse : LA VAAAAAAAAAAAACHE !!!!!
Cela nous permet de revenir sur une des promesses de campagne de François : la reconnaissance du vote blanc. On nous rabâche les oreilles avec la (très) faible marge de manoeuvre des Etats face aux institutions supranationales et aux marchés. Pas de lézard, je souscris. Mais pour les règles électorales il a les coudées franches! Avec sa majorité au parlement et le cancer des consignes partisanes de vote! Résultat : enfarinage de gliche. La loi prévoit que les votes blancs "n’entrent pas en compte pour la détermination des suffrages exprimés, mais il en est fait spécialement mention dans les résultats des scrutins".
Pas de comptabilisation dans les résultats donc, mais une simple différenciation d’avec le vote nul. Les médias, plus que jamais quatrième pouvoir, n’en parlent pas plus qu’avant. Et Bartolone, son éminence du perchoir et candidat déçu en île de France de qualifier cette réforme de "progrès démocratique majeur pour la République". Ah ça, la promesse est tenue! J'en discutais hier encore avec le concierge, qui faisait un parallèle primitif mais néanmoins édifiant : "On te promet pour noël une norvégienne d’1m80, et on te met sous le sapin une grosse moustachue qui sent la mortadelle! Alors oui elle est norvégienne, oui elle fait 1m80, mais elle est grosse, moustachue et elle sent la mortadelle quand même!"...
Et alors à l'inverse ya aussi les réformes qu'on a pas demandé, que personne n'a promis mais qu'ils font quand même. En l'espèce, la proposition de loi de "modernisation des règles applicables aux élections présidentielles" qui va passer devant le sénat soon est rigolote. C'est marrant quand même comme la modernisation a parfois des allures de pas en arrière. De la régression positive peut-être, je sais pas, j'ai pas les éléments de langage. Il s'agit entre autres de passer de 5 semaines à 2 semaines la période d'égalité de temps de parole entre les candidats avant le premier tour de l'élection présidentielle. Désormais, un principe d'équité se substituera au principe d'égalité. Ce principe d'équité reposera sur la «représentativité» de chaque candidat (mesurée par les sondages et résultats aux précédentes élections !!! ) et de sa «contribution à l’animation du débat électoral». Le tout contrôlé par le CSA. Gloire au pluralisme et à la modernité!
Bon allez, bon vote les copains. Et à l’occaz, avant de gerber par principe sur les abstentionnistes de nouveau, ne pas hésiter à aller se renseigner sur les pouvoirs et les budgets d’une région (pour les cons cernés). Tant qu’à faire. Quitte à aller voter, comme on peut pas vraiment choisir pour qui, autant savoir pourquoi. Des bisous à tous, Charlie Bossan
